Dérèglement climatique, épuisement des ressources non-renouvelables, effondrement de la biodiversité : l’habitabilité de la Terre semble durablement compromise par l’impact des activités humaines sur l’environnement – ce à tel point que nous vivrions désormais dans une ère géologique nouvelle, l’Anthropocène. Face à l’inadéquation des réponses apportées par les gouvernements à ces enjeux environnementaux, des mobilisations émergent à différentes échelles (locale, nationale, internationale) et selon des formes variées. L’intensification des crises environnementales, comme celle de ces mouvements, donnent lieu à des recompositions théoriques (démarginalisation d’un imaginaire catastrophiste ; affirmation des enjeux intersectionnels), qui peuvent s’appréhender depuis des mutations pratiques et discursives à l’œuvre dans ces luttes.

 Dès lors, il s’agit dans ce cours de mieux comprendre ces transformations, à partir de l’analyse du lien entretenu entre discours (conditions de production et d’énonciation ; registres discursifs) et pratiques (répertoires d’action) des mobilisations environnementales. Une telle approche doit nous permettre de retracer les trajectoires de notions convoquées par différents groupes d’acteurs –militants ou non, dans différentes situations et selon différentes temporalités, et leurs évolutions. Ainsi, et pour ne prendre qu’un exemple, nous nous interrogerons sur les réalités que recouvre le terme de « transition » écologique, employé par les acteurs publics comme par les groupes militants, notamment à travers le slogan « Ecologie sans transition ». Ce cours, entre sociologie des mobilisations et analyse discursive, adopte une approche pragmatique (F.Chateauraynaud ; D.Cefaï…). Il s‘agit ainsi d’étudier des situations et conditions d’énonciation nous donnant à voir des pratiques et discours « en train de se faire », pour approcher un argumentaire écologiste depuis les milieux qui le produisent.

Chaque séance s’ouvrira sur l’analyse d’un objet discursif (slogan, tract, communiqué, extrait d’entretien…) - en lien avec une forme de mobilisation (manifestation, action de désobéissance civile, occupation, ZAD…). A partir de cet objet, replacé dans sa situation d’énonciation, nous aborderons une thématique de cours spécifique aux mobilisations environnementales et dialoguant avec d’autres luttes.